Mon cher enfant,
Si à la lecture de mes lettres, tu as parfois l’impression que je m’adresse à toi comme je le ferais à un autiste intello foutraquement cérébré adepte follement amoureux des 26, tu as en partie raison mais en partie seulement. Elles sont également conçues pour contribuer à développer ta cérébralité qui est foutrement conçue différemment et ton esprit critique dont personne ne devrait se départir en veillant toutefois à ne pas sombrer dans le complotisme et dont ses adeptes adoptent des comportements trop souvent prévisibles.
Elles sont également descriptivement configurées pour te permettre de réaliser avec de l’entrainement et de la patience, une activité qui nous est intrinsèquement naturelle à tous deux même si tu n’en n’as pas pleinement conscience. Et dans une moindre mesure à ne pas te faire oublier, que ton univers des possibles se doit d’être enrichit quotidiennement. Que les habitudes sont toujours mortifères par nature et que tout comme la minute nécessaire de monsieur Cyclopède, la nécessité régulière d’arrêter ce que tu es train de pratiquer durant une minute pour être dans une pure réflexion peut te faire prendre conscience qu’il est temps de changer de direction. (En particulier si tu longes les falaises de Douvres).
Prends également soin, chaque matin, de ne jamais oublier que tu vis le premier jour du reste de ta vie, qu’il te faut rester exigeant avec toi-même et avec autrui, quand bien même on te percevrait comme pédant, prétentieux, hautain, fier, altier, froid. Plutôt que les rencontres humaines effectuées dans la multiplicité, la pléthore, la surabondance, le remplissage gargantuesque, restes dans la parcimonie, le choix conscient, la sélection, car dans une société marchandisée à l’extrême au sein de laquelle, l’humain (dans son immense majorité), l’est également devenue par choix et dont il accepte également de n’être qu’accessoire et remplaçable par n’importe quel autre en ne servant, trop souvent, que de faire-valoir pour les uns et tous les autres de par son incapacité à penser librement en dehors des poncifs qu’il faut répéter pour être dans le ton juste d’une modernité qui se perd dans n’importe quelle tendance pour peu qu’elle soit visible et/ou bruyante, ton choix premier devrait toujours de t’en tenir à l’écart autant qu’il t’est possible en développant ton appétence pour les rassemblements restreints afin que les échanges soient toujours exempts de superficialité et de conversations lénifiantes sur les souvenirs du dernier repas de Noël désastreux, les collègues de bureau qui ont fait ceci, dit cela, les commentaires de la tenue vestimentaire de l’autre, le souvenir du dernier repas semi-industriel du resto de la semaine précédente, l’abattage de poncifs plus ou moins boisés destinés à remplir une conversation comme les meubles Ikea d’une qualité discutable et vendus hors de prix remplissent des appartements, l’enfoncement de portes ouvertes à défaut de se confronter à celles qui ont une serrure conceptuelle plus complexe à crocheter cérébralement, les croyances et certitudes qui n’ont de réelles que leurs publications dans les magazines de psychologie destinés à finir aux toilettes dans un porte-revues et autres citations d’ouvrages de gourous de bibliothèques Ikéatesques qui n’ont d’autres objectifs que d’enrichir leurs auteurs en rendant leurs lecteurs un peu plus dépendant.
L’utilisation de la brosse à reluire cerveaulesque n’a d’intérêt que le remplissage superficiel d’une vie destinée à être parcourue d’un bout à l’autre en touriste en ayant la sensation d’être le roi du monde assis sur son trône à lunette.
Ta préférence devra au contraire s’orienter vers l’apprentissage, la connaissance, l’observation, la découverte, l’entraide, la contradiction, le questionnement, le relativisme.
Conserves fragiles tes rares certitudes car elles ne valent toujours que pour toi à un instant T, éphémères tes principes car je te souhaite de poursuivre ton évolution intellectuelle jusqu’à ton dernier souffle.
ET si par un malheureux hasard, tu étais tenté de participer à une activité regroupalement troupale de personnes théoriquement hautement perchées avec une cérébralité hypothétiquement follement éclairée comme un concert d’ATB, je te souhaite une hésitation identiquement similaire à celle qui m’envahit lorsque je pénètre dans la zone camembériste du supermarché qui me propose 25 mètres de rayonnage de camemberts différents d’une hauteur manifestement déraisonnable pour un enfant de trois ans portant des chaussures à talonnettes et que lorsque cette irrésolution se termine, ma durée de vie s’est considérablement raccourcie tout en étant heureuse de ne pas m’être décidée trop rapidement…
Un être humain censé ne se nourrit pas de relations humaines éphémères, toxiques ou inutiles mais d’oxygène libre de la majorité, de ses jugements et de ses idées bien-pensantes qui n’accepte les excentriques et la différence qu’avec réticence et difficulté.
Un enfant sauvage est toujours un claustrophobe de la normalité et de ses adeptes qui craignent les inadapté(e)s de la vie sociale et de leur ignorance dans laquelle, ils s’enferment pour se protéger des foutraquement libres d’esprits qui dérangent leur quotidien bien organisé. Ainsi, il est toujours préférable de faire société seul ou avec ceux qui lui ressemble différemment plutôt qu’avec les autres qui vivent dans la peur de ceux qui ne leur ressemblent pas.
Apprends à accepter les personnes telles qu’elles sont, mais sans être dans l’obligation de leur parler, de les fréquenter, de partager. Vis avec ou pas mais n’essaie jamais de les soumettre à ton système de valeurs, à tes croyances et ne te soumets jamais aux leurs.
Epargnes toi les commentaires météorologiques et les questionnaires interrogatoires de police secrète avec la litanie des questions qui suivent ce principe hautement désagréable et les habituelles conversations somnolentes sur la normalité du plus grand nombre tout comme le remplissage verbal de l’atmosphère ambiante semblable à la matière noire composant l’univers sauf à souhaiter leur asséner une excuse pour un départ imprévisiblement soudain et identique au big bang. (Bref et intensément rapide).
La bonne compagnie n’est jamais celle qui permet le flot de paroles échangées de façon ininterrompue et dont on ne retient rien en ce que l’écoute réciproque était absente chez les interlocuteurs en raison d’un besoin de s’exprimer qui invisibilise l’autre en tant que personne pour le remplacer par un déversoir symbolique. Pas davantage lorsqu’il est simplement question d’étaler son intellect comme un tapis Persan qui occuperait toute la place du salon, son savoir philosophique, ses connaissances acquises avec plus ou moins de difficulté et dont il est des individus qui aiment répandre tout cela pour n’importe quelle raison alors qu’il toujours plus agréable de pratiquer le foutraquage de Dragibus au maillet de 100 tonnes
La bonne compagnie est parfois inaudible car chacun se sent à la bonne place et n’éprouve pas le besoin de remplir la réunion de vocalisations inutiles, est parfois curiositairement passionnante de par un attrait commun sur un sujet particulier ou plus simplement présente par une façon d’être pleinement présent l’un à l’autre.
Te sachant insensible à l’esbroufe, aux effets de manches et autres similarités similairement semblablement proche de la technicité propre au passage de brillantine coiffeuristique que l’on associe généralement et plus précisément à la flagornerie de bas étage quelle que soit la hauteur de l’intellect de la personne qui s’adonne à cette pratique, je te fais confiance pour ne pas être un participant du concours pompeusement officieux qui consiste à évaluer lequel possède le cerveau le plus développé par l’étalage de matière grise. Et dans l’improbable éventualité où ton interlocuteur serait dans l’obligation morale de partager ses albums photographiques numériques intégrés à son smartphone dans l’unique but de les étaler devant le regard de ceux qui n’en n’ont rien à foutre et de les tancer du regard s’ils ne font pas semblant de porter un fol intérêt à ces ignominies photographiesques que même un résident en EHPAD préférerait une mort lente et douloureuse que d’avoir à en supporter la vue durant sa pause déjeuner, restes toujours prêt à prendre la place de l’un d’entre eux afin de ne pas t’’imposer une épreuve intellectuellement aussi soutenue, sinon, comme l’insolent perturbateur de cerveau que tu imites avec tant de talent, sers toi de ton goût pour les mots, de ta singularité, de ton unicité et de ta folle et outrageante cérébralité dont je ne doute jamais que tu la développeras toujours comme un feuillage particulièrement foutresque et amuses toi de ta capacité caméléonique infiniment plus élevée que l’Annapurna te permettant, parfois, de passer pour le niaiseux le plus ignorant ou pour n’importe quoi afin de te faire cataloguer chez psychologie magazine comme le garçon le plus ennuyeux que l’on puisse rencontrer au cours d’une journée de 100 ans de solitude afin de te faire passer pour l’un d’eux ou pour un homme Barbara Gould et contentes toi de répondre aux questions d’une importance primordiale pour la stabilité du monde par des formulations d’une limpidité vitrière dont la simplicité sera source d’un foisonnement plus complexe de questionnement cérébral tandis que ChatGPT apporterait naturellement une réponse sans rapport avec la question.
Concernant les paltoquets, les gougnafiers et les jean-foutre, il te restera la possibilité de les expulser dans les oubliettes de l’histoire à l’aide d’un mouvement poussatoire dorsal afin de les reléguer dans le fond du coin à angle droit pour les remettre dans le droit chemin qui ne mène nulle part. Pour les récalcitrants et les ignominieux, des gémissements plaintifs durant tout le temps de leur présence sera de bon ton, bien qu’un enfermement dans des toilettes hors-service pour la journée devrait être également suffisant pour les réhabiliter avec l’inextinguible espoir que la leçon aura été apprise.
Enfin, si le développement de ta pensée semble absconse, veilles à ce que ce ne soit jamais par élitisme mais plus simplement parce qu’il ne faut jamais avoir le goût de simplifier une pensée complexe pour la transformer en farine de tapioca afin de la rendre délayable dans un liquide cérébral quelconque.
Ta tante Jeanne
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