Dimanche 08 juin 2025

🦋 Il est des voyages qui se déroulent comme un rouleau de parchemin, tout comme il est des existences humaines qui se déroulent comme une bobine de fil. Sans déchirure et sans nœud. Un voyage qui n’offre aucune surprise inattendue est-il encore un voyage ? Sinon tout au plus une petite marche en direction de l’épicerie du coin de la rue… Il est à peine quelques siècles, c’était une aventure humaine, composée d’incertitudes, qui n’était pas exempte de dangers et dont aucun ne pouvait avoir la certitude qu’il se déroulerait dans une parfaite insouciance. Écrire une lettre pour informer des proches de son voyage en cours, de son arrivée éventuellement sans encombre était courant, mais cette dernière n’arrivait auprès de son destinataire qu’après plusieurs jours, voire plusieurs semaines après avoir été confiée à une tierce personne faisant le trajet dans la direction contraire. Ces missives étaient fréquemment composées de plusieurs feuillets, pleines d’attentions et chacun des mots était choisi, soupesé, sélectionné avec le plus grand soin. Il s’agissait d’être pleinement présent ligne après ligne, de rassurer le lecteur, la lectrice, la famille, les amis, les proches. On cachait parfois les dangers d’une traversée d’un océan pour ne pas semer d’inquiétude, il était de coutume de taire les peurs, les maladies et les événements dramatiques. Un voyage était ainsi parfois une aventure humaine dans l’inconnu avec tout ce que ce mot peut comporter dans l’esprit de celui qui accepte de se plonger en lui pour l’explorer. Les existences humaines n’étaient pas davantage déliées de multiples dangers et ceux-ci étaient le pain quotidien de tout un chacun. Les maladies et les accidents n’étaient pas sans conséquences, fussent-ils considérés aujourd’hui sans gravité, ainsi le cours de la vie lui-même était composé d’incertitudes à même d’être gravé de conséquences qui pouvaient la rendre difficile, voire l’interrompre en chaque instant. Chacun disposait, selon son rang de naissance, de plus grands avantages pour s’en prémunir, mais lorsque la maladie frappait à la porte de son hôte, elle ne faisait aucune distinction. La grande faucheuse patientait à proximité et comme de coutume, ne s’en retournait jamais seule.
Il est parfois des zones de cette immensité océanique, dont chacun souhaiterait ne jamais les affronter, mais il n’est de direction qui ne peuvent parfois être évités pour l’apprentissage nécessaire aux futures épreuves qui attendent ceux qui entreprennent un voyage aussi périlleux que la traversée d’un univers vers un idéal… 
Ainsi, il est des tempêtes qui parfois surgissent au cours de la nuit, sans avertissement, soudainement, faisant rugir les flots, déchaînant des vagues montagneuses et il s’agit de maintenir le cap, toujours, inlassablement. Il convient alors de lutter avec la plus farouche volonté pour ne pas laisser l’araignée du destin à son sort et ne pas lui abandonner seule, la protection de ce fil de soie sur lequel, elle veille jalousement au péril de sa vie. De ces évènements qui se déroulent dans l’obscurité de la nuit, il est des navigateurs qui leur donnent naissance durant leur sommeil et dont ils ne peuvent s’extraire. Des cauchemars prenant vie dans les coursives, sur le pont, autour du navire, au-dessus des mâts. De ces illusions parfaites, il n’est question de fuite ou de réveil prématuré, il s’agit d’un affrontement, de vaincre sans relâche en attendant les premières lueurs de l’aube qui dissiperont ces démonologies nocturnes. Il est toutefois un allié toujours présent, un papillon, invisible par l’obscurité, mais qui par sa seule présence, empêche le navire de se briser en deux et de sombrer dans des profondeurs abyssales. Il ne s’agit pas là d’un talisman, d’une protection divine, d’une légende, d’un mythe, simplement d’une allégorie.

Un papillon ne possède ni force, ni pouvoir et lors d’une tempête nocturne, il n’est guère davantage qu’un fétu de paille, mais de sa simple existence au sommet du grand mât, il protège toujours le fragile équilibre. À l’exemple du Monarque et de la Vanesse du chardon capables de voyager entre les continents, il en est un qui protège toujours les navires qui s’égarent lors des tempêtes nocturnes de son aile irisée reflétant l’éclair. Il ne lutte pas contre la tempête, jamais, il rappelle uniquement au vent le secret du calme, et aux autistes, celui du silence.
En ce qui concerne l’araignée du destin, il convient de lui accorder quelques lignes afin de ne pas être laissée dans l’ombre des ailes du papillon…

Issue de l’île de l’arbre de vie, compagne éternelle d’un navigateur voyageant sur l’océan de la vie, l’araignée du destin tisse un invisible fil de soie d’une ultime fragilité de cristal. Attentive aux plus infimes soubresauts de l’existence humaine, aux ondes infinitésimales de ce fil de vie reliant le navire à tous ceux des navigateurs voguant également par-delà les abysses du gouffre d’Hadès, affrontant les orages nocturnes et les tumultueuses rencontres, jamais son attention ne se relâche. Silencieuse comme la mort elle-même, attentive aux variations de l’élément primaire du Maître de navire dirigeant son bâtiment, elle influence en permanence la direction des embruns afin que chaque navigateur ne puisse se perdre sur les récifs qui parsèment les flots. Parcourant le pont, grimpant aux trois mâts, s’agrippant aux voiles, elle explore sans cesse le bâtiment semblable à une terre vierge afin de le protéger de toutes entraves et d’intrusions. De ce fil de vie auquel elle est attachée, elle reste attentive à chacun des signes des enfants sauvages de par le monde ayant entrepris leur voyage sur cet océan afin d’apprendre de ses sœurs. Indissociables l’un de l’autre, l’aranéide et le navigateur sont intrinsèquement liés durant chaque instant de l’existence de chacun et condamnés à la mortalité immédiate lors de la disparition de l’un ou l’autre compagnon.

S’il est un enseignement à retenir de cette lettre, c’est uniquement celui que tu as perçu et son unicité n’est pas identique pour chacun, car toujours celle qui résonne différemment importe d’être définie comme celle qui est l’apprentissage sur lequel, il convient de pencher son intrinsèque nature.

Une lettre à Petruška ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.

TARTEMPION
Marcel-E. GRANCHER
Edition Champs Fleuris
Dépôt légal 1er trimestre 1953
Page 217
– Rien du tout !… Je ne comprends qu’une chose, Legras. Je comprends que Saint-Gédéon va être livré au chaos et à l’anarchie, au nihilisme au paganisme. Je comprends que notre monument qui, déjà, fait l’admiration et l’orgueil de tous les habitants de ce pays, va être renversé… Votre gueuse de fille jette à terre des années d’espérance, et avec quoi ? Je vais vous le dire… Avec ses fesses !
Legras protesta faiblement :
– Colonel !…
Mais le vieux guerrier tenait à son image :
– Je dis : Avec ses fesses ! Et je suis poli !
Lu et déposé dans un tiroir de mon bureau le 08 juin 2025

L’enfant qui ne pleurait pas
Torey L. HAYDEN
Edition J’ai lu
Dépôt légal avril 1987
Fin de la page 33 et début de la page suivante
Les premières années de la vie de Sheila, son père les avait passées en prison, inculpé de coups et blessures. Depuis sa remise en liberté, deux ans et demi auparavant, il avait également effectué plusieurs séjours à l’hôpital d’Etat pour alcoolisme et abus de drogue. Trimbalée d’un foyer à l’autre, chez les parents et amis de la famille, notamment du côté maternel, Sheila avait finalement été abandonné sur le bord d’une autoroute où on la retrouva, cramponnée aux chaînes du terre-plein central.

Une lettre à Petruška ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.

Le genre humain se décline en genres et en non-genres tout en déclinant son identité dans tous les sens. Je décline mon identité patronymique. (Je me présente et je la décline en même temps car elle ne me convient pas).
Je décline mon identité de genre de naissance tout en la déclinant pour en choisir une nouvelle parce que ma liberté m’autorise tout dans une société qui érige les interdictions de plus en plus facilement.
Je décline toute forme d’identité car je suis déconstruit. Je ne suis plus rien. Je suis le néant absolu et libre de m’éveiller dans la culture woke, de me construire une nouvelle identité de genre non-genrée, non binaire afin d’être un non-humain.