Dimanche 13 juillet 2025
Il est temps de nous accorder sur un repos cérébral après les deux derniers articles ayant mis à rude épreuve des cerveaux en cours de formation qui n’étaient pas prêts pour une stimulation cérébrale de niveau autistique.
En ce dominical Day, c’est un sujet temporel qu’il convient d’aborder, car comme chacun le sait, le temps est fixe dans sa durée, dans l’espace et tout aussi élastique, donc propice à son étirement et à son raccourcissement en ce qu’il est théoriquement possible de le déformer.
La durée de la temporalité cérébrale d’un individu est à contrario irrémédiablement immobile. Un cerveau humain ne produit et n’accumule donc pas davantage de pensées que celui de ses congénères quels que soient les stimuli perçus par ses sens et analysés par les différentes régions de sa cérébralité qu’il ne contrôle pas et dont il n’a pas davantage conscience. L’unique différence se situe dans la perception consciente de celles-ci et de sa capacité à les mobiliser volontairement ou non pour étirer le temps afin de prolonger son existence au-delà de la normalité communément admise en le compressant, sinon à le rendre extrêmement fugace par l’ignorance de la plupart d’entre elles. Ainsi, il est fréquent que l’on perçoive une durée d’une heure comme s’étirant en une temporalité interminable ou en une fraction de temps infime en fonction de l’activité menée et de l’attention au flux d’informations enregistré. Dans les deux cas, au terme de ces 3600 secondes, la quantité de souvenirs enregistrés par le cerveau sera rigoureusement identique, car en complément de ce que nous avons consciemment vécu, il en est une quantité phénoménale que nous ne percevons pas et qui se trouve tout de même sur l’enregistrement de notre mémoire.
Est-ce l’importance que l’on accorde à ces souvenirs qui module l’impression d’une temporalité différente ?
La concentration portée sur chaque détails de cette heure vécue ?
L’intérêt du sujet que l’on traitera cérébralement ?
Trois fois non, car la modulation temporelle cérébrale se situe à un niveau de concentration différente d’un sujet particulier sur lequel on porte son attention. Tout se joue dans la densité cérébrale de mémorisation qu’un individu développe afin de conserver au premier plan de sa conscience, les souvenirs qu’il enregistre quotidiennement. Ce que la norme du plus grand nombre nomme « vivre l’instant présent » en clamant Carpe Diem pour se déculpabiliser de boire davantage de mojitos de mauvaise qualité signifie tout autre chose, mais pour le savoir, faut-il prendre le temps de lire le poème d’Horace en totalité et pas uniquement son titre. De plus Horace n’était pas un disciple d’Aristippe de Cyrène en ce qu’ils n’étaient pas des contemporains et imaginer que le poète ait pu être influencé par l’hédonisme grec, c’est comme croire qu’être épicurien, c’est être tourné vers le plaisir immédiat.
L’ignorance aura ainsi toujours un avenir radieux auprès des adeptes de la culture populaire et de ceux qui manquent de culture classique.
Lorsqu’un individu est pleinement conscient de chaque action, interaction, perception, il n’accumule pas davantage de souvenirs qu’un autre individu qui ne prête d’attention à aucune d’elles, il densifie uniquement sa capacité mémorielle afin de pouvoir les intensifier et démultiplier cérébralement le temps afin de pouvoir se souvenir d’autant d’événements en une durée très courte qu’un autre individu aura mis plusieurs semaines ou plusieurs mois, voire davantage pour se souvenir de la même quantité d’informations. Il est ainsi des individus qui parviennent à se souvenir en quelques semaines ce que d’autres accompliront plusieurs mois en partageant à l’identique des souvenirs communs. La temporalité aura, pour le premier, été perçue comme d’une durée extrêmement longue, pour le second d’une durée très courte.
Est-il envisageable pour chacun de pouvoir développer cette capacité de densification cérébrale si elle est naturellement absente ?
Rien n’est impossible à l’élève qui s’accorde le temps nécessaire à l’apprentissage d’une capacité qui lui fait défaut. Il convient simplement de modifier son état perceptif afin de pouvoir prendre conscience de tout son environnement sensoriel, physique, cognitif, émotionnel et social. Pas séparément, mais simultanément et de manière permanente. S’il est des personnes qui, naturellement, possèdent cette faculté, son développement est envisageable pour quiconque le souhaite en brisant les filtres naturels qui permettent la hiérarchisation des stimuli qui arrivent au cerveau. Sentir physiquement l’air que l’on inspire, son odeur, son goût, le mouvement de sa cage thoracique, la pression tactile des vêtements, de son corps sur l’environnement, le mouvement des articulations, les sons internes et externes de notre corps, celui que nous produisons par nos mouvements, nos actions, que nous percevons provenant des sources internes et externes par l’ouïe, le mouvement oculaire, des paupières, la variation de la luminosité, l’environnement physique fixe et en mouvement, les émotions que nous avons en chaque instant qui varient également avec l’environnement et les pensées que nous produisons qui découlent de toutes ces perceptions sensorielles et émotionnelles.
La description complète est envisageable, mais serait extrêmement longue et inutile, car il s’agit seulement d’en donner un aperçu.
C’est précisément cette attention qui permet d’être au plus près de sa propre existence et de densifier ce que l’on vit à un niveau peu commun. La temporalité se modifie à mesure que la densification se produit et si la première est identique pour tous, elle permet l’enregistrement conscient de détails infiniment plus importants.
La résolution de ces détails qui, de coutume, paraissent invisibles s’offrent au premier plan avec une acuité plus grande. Nous ne voyons plus, nous regardons, nous n’entendons plus, nous écoutons, Nous ne percevons plus, nous analysons, etc.
La perception inattentive du traitement automatique des informations fonctionne en économie cérébrale, tandis que la densification de ces mêmes informations est un traitement basée sur l’attentivité consciente.
Une longue vie ne consiste pas à s’éteindre centenaire après avoir passé son existence à vivre une vie automatisée avec quelques dizaines d’années de souvenirs qui seront ramenés à une poignée en ce que 99,99% auront été vécus sans attention, mais au contraire à vivre une vie riche de détails invisibles qui feront toujours la différence.
Un entraînement peut se réaliser aisément en sollicitant ses sens l’un après l’autre.
Pour prendre le seul exemple de la vue, les yeux humains possèdent un champ de vision globale d’environ 180° horizontal et approximativement 140 ° en vertical comportant la vision centrale et la vision périphérique. Il s’agit donc de porter une attention soutenue et durable non pas sur la vision centrale, mais sur la vision périphérique sans effectuer de mouvements oculaires.
Pour chaque sens, il convient de porter une attention tout aussi soutenue séparément et à terme d’être attentif à chacun d’eux sans omettre l’analyse du flux de pensée et des émotions qui découlent de chaque perceptions passées, présentes et futures.
A l’intérêt de trouver une utilité dans cette pratique de la densité cérébrale de mémorisation pour le lecteur de cet article, il lui conviendrait plutôt de s’interroger sur le sens de son existence vécue comme un automatisme quotidien et des plaisirs organiques dont l’inutilité de ces derniers n’est plus à prouver.
Manger pour permettre à ses organes de fonctionner et satisfaire des plaisirs cérébraux par diverses pratiques revient à se convaincre que l’illusion de la vie au sens le plus primitif est pleinement atteint alors qu’elle disparaît aussitôt, dès lors que l’on interroge au-delà du masque social ce jouisseur. Au mieux, la question sera incompréhensible en ce que le comédien sur les planches du théâtre de sa vie ne saura répondre autrement que par son texte qu’il tient toujours entre ses mains. Au pire, il reconduira l’importun qui interroge, à l’extérieur afin de lui montrer l’affiche de la représentation en cours : « La vie est une farce » et l’exhortant à ne pas se faire de peine à jouir inutilement en ce théâtre dénommé « La comédie humaine » et en ce que l’unique représentation en sera toujours identique.
Parce qu’il est toujours quelques individus qui n’aimeront jamais, ni le titre de cette pièce, ni ce théâtre, la richesse de l’existence humaine se situera toujours à un niveau de compréhension différent. Cérébrale et mémorielle afin de se souvenir plus tard de ce que d’autres auront photographiés, filmés et qu’ils seront toujours incapables de percevoir tant leur souvenirs auront été instantanés, brefs et illusoires d’une existence qu’ils trouveront toujours trop courte en ce qu’un plaisir aura perpétuellement chassé le précédent et le reléguant dans la poubelle de l’histoire en raison que sa vie ne peut se vivre qu’au présent.
Durée moyenne de lecture de cet article : 8 à 10 minutes.
Durée moyenne de la compréhension de cet article : quelque part entre l’instantanée et l’improbabilité définitive permanente.
Post-scriptum,
J’avais envisagé un article plus dense, mais j’avais une vie à vivre cette semaine…
Une lettre ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.
L’entrée dans la vie
Georges LAPASSADE
Édition 10-18
1er trimestre 1972
Page 302
Un groupe stable est déjà un groupe mort. Une société « achevée » est une société bureaucratique, fondée sur un ordre arbitraire et qui refuse le changement.
Lu et déposé dans un tiroir de mon bureau le 13 juillet 2025
Une lettre ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.
Un écologiste convaincu par ses idées, est celui qui s’habille avec des fringues en feuilles de platanes au printemps et en été, et en poils de sapins en automne et en hiver, même si ce n’est pas pratique à porter et que cela ne protège ni de la pluie, ni du froid.



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