Dimanche 12 octobre 2025

Être philosophe ne consiste pas simplement à avoir de subtiles pensées, ni même à fonder une école, mais à chérir assez la sagesse pour mener une vie conforme à ses préceptes, une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité, et de confiance. Cela consiste à résoudre quelques-uns des problèmes de la vie, non pas en théorie seulement, mais en pratique. Le succès des grands savants et penseurs, en général est un succès de courtisan, ni royal, ni viril. Ils s’accommodent de vivre tout bonnement selon la règle commune, presque comme faisaient leurs pères, et ne se montrent en nul sens les procréateurs d’une des plus nobles race d’hommes.
Henry David THOREAU

Voilà un sujet que j’aurai dû traiter depuis fort longtemps et que j’ai négligé tout en l’abordant chaque semaine de manière empirique, avec brièveté et souvent de manière sauvage sans respecter les codes de la littérature philosophique classique du XXIe siècle qui manipule le lecteur en le traitant comme un enfant téléphage incapable de comprendre des phrases d’une complexité qui aurait valu à son auteur, au minimum, une paire de gifles d’un philosophe du XIXe conséquemment de la nullité des propos et de leur dévalorisation par une vulgarisation extrême dénaturant l’essence même de l’idée que ledit philosophe essaie de transmettre au lecteur et dont il sait par avance que ce dernier conservera son ouvrage dans sa précieuse bibliothèque amoureusement dissimulée dans ses toilettes.

La philosophie académique littéraire, universitaire et professionnelle est le métier des empêcheurs de tourner en rond et celui des fainéants, tout comme le réveil matin est le cauchemar des doux rêveurs et des dormeurs.
Á notre époque, Platon, Aristote, Nietzche et Schopenhauer n’auraient jamais eu la renommée qu’ils ont obtenu de leur temps en ce que le développement de leur psyché aurait été considéré comme cérébralement impréhensible et qu’ils auraient été catalogués à la droite de l’extrême droite par l’intégralité des journaleux des chaînes de télévision du service public et des presses gauchistes incapables de dire ce qu’ils voient, de voir ce qu’ils voient et d’en rendre compte par le moindre propos. Aujourd’hui encore, il n’est de doute que leurs ouvrages ne sont de sortie que dans quelques cours d’université à de rares moments du cursus d’apprentissage des « étudiants parasites, mini philosophes verbeux idéologisés et biberonnés à l’ignorance » qui viendront grossir les rangs de ces pleurnicheurs altermondialistes incapables de vivre leur vie sans l’assistance publique des aides sociales.
Concernant les philosophes médiatiques de plateaux de télévision et de magazines, leur éclat n’est qu’illusoire en ce qu’ils se contentent d’expliciter le monde tel qu’il est en le simplifiant à l’extrême pour des populations qui hochent la tête comme le célèbre chien Youki en plastique sur la plage arrière des voitures des années 80. (Né au cours des années 60 en Allemagne, il s’est propagé dans toute l’Europe comme un signe de reconnaissance des beaufs de salon.)

Désormais, les philosophes de zinc, que, jadis, l’on nommait amicalement « les philosophes de comptoir » en ce qu’ils explicitaient le monde tel qu’il était à leurs comparses de vinasse vinaigrée et d’alcool éthylique de café de village et de bar à poivrots ne sont plus parmi nous. Ils ont malheureusement et prématurément disparu comme les dinosaures, mais à leur défaveur en ce qu’ils ont eux-mêmes été la cause de leur extinction précoce, car si l’alcool se conserve parfaitement des années durant dans des contenants appropriés, il y a des limites physiologiques à ce que le corps humain puisse se transformer en bouteille ou en barrique. Ces philosophes de comptoir ont été remplacés par des étudiants diplômés en pseudo philosophie qui ont réussi à faire carrière en vendant des livres tenant un langage adapté à leur public bas de plafond et bas du front, après avoir été promu comme « Invité spécial » sur des chaînes de télévision de service public pour booster une audience d’une nullité absolue dans de déplorables émissions culturellement sans intérêt et dans des pseudo magazines philosophiques qui ont toujours bonne place dans les porte-revues des toilettes privées au sein duquel les souverains sont quotidiennement assis sur leur trône.
Concernant les compagnons des philosophes des bistroquets, ils s’en sont allés, par amitié, rejoindre les premiers au cimetière, non pour fleurir leur sépulture, mais pour leur tenir compagnie dans le trou de vers d’à côté. La philosophie a ainsi perdu des figures emblématiques de villages et de quartiers.
Hommage particulier à Jojo, Bébert, Popol, Gégé et à tous les autres chevaliers de zinc, piliers sans chapelle, philosophes du quotidien au verbe haut, au rire franc et à la parole grasse, éthyliquement savoureuse, qui savaient refaire le monde en dix-neuf tournées et s’endormir dessus avant la dernière offerte par le très solennel et très silencieux patron dont le visage s’ornait invariablement d’un rictus complice aux propos hautement philosophiques de ses habitués au porte-monnaie toujours pleins de piécettes.
À leur gouaille, leur tendresse brute et leur face rougeaude, leurs serments d’amitié gravés dans la fumée des Gauloises Caporal et des Gitanes Maïs, à leurs engueulades qui finissaient toujours en tapes dans le dos, à leur courage de vivre sans mode d’emploi, leur manière de prendre la vie comme un ballon de rouge ou une petite bière Belge jusqu’à la dernière gorgée et en dernière tirade philosophique d’amoureux de la vie et de l’amitié sincère.

M’sieurs, dames, je va rentrer chez moi, pasque z’êtes rien que des z’ignares !
À la revoyure et à demain bande de ploucs !
Je vous z’aime !

Et ainsi dit, le célèbre philosophe quittait séance tenante les lieux et son auditoire en louant la grâce de dieu d’être toujours le plus proche de la sortie, en ce qu’il avait été le premier dès l’ouverture de l’établissement pour occuper la place la plus proche de l’entrée afin de préparer son cours de philosophie avec quelques tournées solitaires dans l’attente de ses étudiants qui étaient également ses compagnons quotidiens.

Puis-je me considérer comme un philosophe amateur entre ces hérauts éthyliques, ces invités spéciaux qui glosent avec le verbe haut, d’une voix de « moi je vais vous expliquer la vie bande de ploucs ignares » et ces écrivains de livres de bibliothèques ikéatesques de sciure de bois compressée collée de toilette ?
Nous voilà toi et moi arrivés au moment crucial de cet article durant lequel, j’ai glosé, le verbe acerbe et moqueur, explicitant la vie des philosophes de comptoir zingué et de salon de manière sabrièsque et sauvage pour m’en retrouver à m’interroger pour répondre à ma propre question qui est le principe même de la philosophie. S’interroger afin de répondre aux questions existentielles et superficielles de notre époque qui contiennent dans leurs superficialités, l’essence même de cette époque dont l’existence n’est jamais remise en question en ce que l’existence de chacun n’est jamais questionnée philosophiquement pour en tirer quelques enseignement que ce soit. Quelle que soit ma réponse, elle ne fera jamais l’unanimité et si par abstinence, je refusais de répondre, je serai considéré comme étant un vil coquin, sinon un troubadour de foire en ce que j’amuse un public de philosophes du quotidien ignares, aussi me contenterai-je, pour commencer, par te renvoyer au premier paragraphe qui suit la citation d’Henry David Thoreau et de revenir ici pour lire le paragraphe suivant.
Un philosophe n’est jamais un commentateur permanent de la vie quotidienne en ce que sa fonction première est l’observation de ses contemporains afin d’en extraire l’essence même pour s’interroger sur leurs comportements et leurs interactions avant de les amener individuellement au seuil de leur abîme d’ignorance et de contradiction pour que chacun puisse se percevoir individuellement teinté de tous les défauts et rares qualités qu’ils observent quotidiennement chez l’autre en ce que « L’enfer, c’est les autres » et que ces derniers nous enferment également dans une image figée de nous-mêmes et dont, pour ma part, considère que « Le regard des autres existera toujours et le prendre en compte, c’est confier son bonheur à des inconnus. » Un observateur qui vit le jour, travaille la nuit son matériau et s’interroge dès les premières pensées de son éveil jusqu’à sa dernière interrogation précédent le premier songe de quelques heures d’un endormissement toujours trop rare en ce que les philosophes n’ont du sommeil qu’une brève représentation en raison de travaux d’études toujours plus nombreux à tisser et à défaire, tel le linceul de Pénélope (voir l’article).
La vie rêvée de nombreux philosophes est de parcourir le monde le jour, travailler la nuit, puis parcourir le monde la nuit suivante pour travailler le jour d’après, avant de recommencer en ne cessant jamais de s’interroger sur la validité de leurs travaux et sur leurs valeurs qui ne seront reconnus que par une partie de la frange de leurs pairs, tandis que le reste de la plèbe consistant en l’humanité se contentera de bêler en cœur des aphorismes résumant en une courte phrase des années d’un labeur inextinguible de ces hommes de la pensée qui, toujours, seront déçus d’une humanité bête à sucer des cailloux ou trop mort pour manquer de sommeil afin d’enrichir leur œuvre de l’erreur originelle de Dieu. Aujourd’hui comme hier, je manque toujours de sommeil, car je m’attèle et je m’enchaîne à mes travaux de philosophie sauvage sans me soucier d’un lectorat nombreux, mais davantage d’un seul qui fermera les yeux après sa lecture pour ouvrir son esprit sur sa propre condition humaine au milieu de plusieurs milliards de ses pairs.

La philosophie grecque nous est parvenue en ce que l’esprit était au cœur des préoccupations humaines, tandis que la philosophie du XIXe s’est progressivement heurté à l’ignorance à mesure des progrès du Siècle des Lumières. Sa descente aux caves et son ascension aux greniers des librairies s’est poursuivie progressivement pour se terminer sur Amazon en tête des ventes des ouvrages parmi les moins achetés par l’humanité.
Originellement, elle n’était ni de droite, ni de gauche, ni du centre, mais de bons sens.
Originalement au XXIe siècle, elle est devenue une arme verbale pour museler ses adversaires politiques, sinon pour mieux les assassiner comme ce fut le cas dernièrement aux Etats-Unis d’Amérique avec Charlie Kirk.

Post-scriptum,
Les politologues, éditorialistes, journalistes, journaleux, animateurs de télévision et de supermarché, chanteurs, influenceurs et comiques troupiers se considèrent tous comme des philosophes. Également les médecins, les infirmières, les aides-soignantes, les brancardiers, les ambulanciers, les chauffeurs de taxi et chauffeur Uber, ainsi que les éboueurs, les ripeurs, les pizzaiolos et les militaires. Tout comme 99,99 % de la population mondiale. Tout le monde sauf… Les politiciens qui, eux, donnent des leçons à tous ces philosophes dont le but est de gloser, alors qu’eux sont en charge de mettre toute cette populace au travail afin d’inventer de nouveaux Impôts pour financer un système d’aides sociales ayant pour finalité de subventionner la vie de tous ces philosophes d’un comptoir quelconque.
Même ta grand-mère et les agents du fisc se considèrent comme des philosophes.
Ben voui ma pauve Lucette, si c’est pas désolant de lire un truc pareil.

Les philosophes de ce millénaire sont des fonctionnaires médiatiques du concept creux en costume de grand couturier, adepte de la petite phrase, de la punchline dont l’unique finalité de leur existence réside dans le nombre de followers sur les réseaux sociaux et de lèches-culs accourant vers eux au terme d’une minable conférence sans intérêt pour se faire dédicacer le livre de leur idole à défaut de savoir penser seul.
Hourra à ces rebelles en col blanc, mâchouillant leurs dents et se triturant le nombril au réveil, tandis qu’ils s’imaginent en berger d’un peuple bête à sucer des cailloux, alors qu’il conviendrait d’abandonner définitivement cette plèbe honteuse et pustuleuse et toute forme de médiatisation en ce qu’elle ne rend plus intelligent ni les premiers, ni les suivants qui ne seront toujours que cela ; une bande de suiveurs absorbant cette philosophie très propre sur elle comme le contenu d’une boite de conserve stérilisée et stérilisante.

Un philosophe ne dispense jamais son savoir comme on jette une poignée de cacahouètes à des singes encagés, mais uniquement de manière parcimonieuse à ceux qui se montrent dignes d’en recevoir les enseignements sinon au hasard du vent afin que le destinataire errant puisse se concentrer sur l’enseignement et non sur l’enseignant. Le philosophe sauvage est un prophète, un marginal, un bouffon, un veilleur, un gifleur, un cynique, un insomniaque, un écorché, un ermite, un pyromane, un guetteur, un voyageur, un alchimiste, un fou, un misanthrope, …
Rassure-toi, ami lecteur, je ne suis pas ton ami ni ton ennemi, seulement un philosophe sauvage qui tente bien maladroitement de te réveiller de ton cauchemar terrestre qui se compose de ton quotidien dans lequel tu as paresseusement sombré en imaginant que le bonheur est à ta portée alors que tu le possède déjà en ton sein.
Si tu as une préférence pour les philosophes modernes possédant un diplôme d’une obscure université ou d’une consœur plus prestigieuse et n’ayant pas davantage de valeur que le morceau de papier et du volume d’encre nécessaires à son impression, n’oublie jamais qu’un discours léché politiquement correct dissimule toujours une faiblesse de l’esprit.

La majeure partie de l’humanité est tout aussi étrangère à l’esprit que les Indiens à la poudre.
Henry David THOREAU

Les Français sont des veaux.
Charles DE GAULLE

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.
Albert CAMUS

Conclusion
Les français sont des moutons qui se laissent mener à l’abattoir de la pensée.
Atypikal

Nouvelle lettre de ma tante Jeanne

27 janvier 1979
L’importance de la différence dans l’humanité et le rêve des normalisateurs

Nicolas
Il n’est de folie plus grande pour l’humanité que de ne vouloir accepter la différence de quelques-uns et de vouloir uniformiser la conscience de tous les autres dans le but de se croire universellement humaine. L’extinction de la conscience individuelle et l’assimilation des asociaux les plus rétifs sont le rêve des normalisateurs. Une fresque murale aussi grandiose soit-elle n’est, pourtant, jamais que le résultat de ces multiples petites touches de couleurs, de coups de pinceaux savamment distillés et chaque détail a son importance.
Tante Jeanne

Une lettre ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.

Walden ou la vie dans les bois
Henry David THOREAU
Édition Gallimard
Dépôt légal : février 2016
Page 377
La lumière qui nous crève les yeux est ténèbre pour nous. Seul point le jour auquel nous sommes éveillés. Il y a plus de jour à poindre. Le soleil n’est qu’une étoile du matin.
Lu et déposé dans un tiroir de mon bureau le 12 octobre 2025

Une lettre ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.

Je n’ai jamais eu le goût de simplifier ma pensée complexe pour la transformer en farine de tapioca afin de la rendre délayable dans un liquide cérébral quelconque.