Dimanche 19 octobre 2025
L’être humain peut-il réellement perdre du temps et en tel cas, ce temps perdu lui appartient-il véritablement en ce que celui qui le trouve à uniquement un devoir moral de le rendre à son propriétaire afin que ce dernier puisse éventuellement l’utiliser pour effectuer des tâches qui le rendraient utile à son possesseur originel ?
En ce jour, je déclare solennellement que le temps que j’ai perdu de manière volontaire appartiendra à toute personne l’ayant trouvé étant donné qu’il ne s’agit pas de le retrouver pour me le restituer, mais de simplement permettre à son bénéficiaire de l’utiliser à sa guise, et conséquemment que celui que j’ai égaré involontairement me revient de droit, si celui-ci venait à être retrouvé bien qu’il ne soit possible à quiconque de l’identifier comme étant ma propriété en ce que je l’ai perdu avant de l’avoir utilisé, mais avec la certitude de savoir où il se trouve sans pouvoir toutefois le récupérer en ce qu’il est intrinsèquement fondu en une intemporalité unique avec le temps également perdu de tous ceux qui en ont dissipé volontairement ou non et qui se retrouvent en ma position quoique forcément différente en ce que celle que j’occupe durant cet espace-temps ne peut pas l’être par quiconque sauf à se retrouver à la même place que moi.
Concernant les individus qui aiment perdre leur temps à ne rien faire d’utile, ou considérant que de ne s’occuper de rien, c’est déjà effectuer une action et ainsi s’occuper de leur temps en le dispersant en molécule impréhensible afin qu’il ne puisse leur être restitué et conséquemment n’en faire perdre à quiconque en ce qu’il devient forcément introuvable et s’accumulant ainsi avec tout ce temps depuis l’aube de l’humanité afin de créer l’éternité qui a la particularité de se composer de particules temporelles et plus familièrement de temps perdu que personne n’a encore retrouvé bien qu’un volume aussi considérable ne puisse rester raisonnablement invisible à celui qui cherche sincèrement à retrouver le sien, sauf à ce qu’il se montre insincère et ne le recherche pas en ce qu’il lui est indifférent ou en possède un volume tellement considérable qu’il peut se permettre d’en gaspiller ainsi alors que tant d’autres en manquent et parfois n’en possèdent jamais suffisamment pour effectuer l’intégralité des tâches qu’ils s’assignent par peur de perdre du temps et finalement en manque tellement qu’ils sont dans l’impossibilité de remplir leurs engagements et par voie de conséquence perdent celui qu’ils devraient occuper à des travaux qu’ils n’auront jamais le temps d’effectuer dans la durée initiale qu’ils avaient espéré lui impartir devenant alors esclave de celui-ci en ce qu’un temps perdu volontairement ne revient jamais retrouver seul son propriétaire de par sa faculté à s’échapper tout comme son alter ego involontairement égaré, mais enchaîne toujours celui qui lui promet de l’utiliser pour remplir une obligation morale qu’il s’est lui-même infligé tout en ayant conscience qu’il en manquera perpétuellement, sinon par un excès de vanité en ce qu’il considère le temps comme illimité.
Considérons maintenant qu’un individu souhaite s’occuper de son temps qui était perdu et qui a été retrouvé par lui ou par un tiers, c’est autant de temps, de nouveau, perdu pour le temps présent à ne pas s’occuper à effectuer d’autres tâches, car lorsque l’on est chargé de s’occuper de celui que l’on avait perdu, il est impossible d’être ailleurs à s’occuper de celui que l’on possède, qui est présent et, qui faute d’être pris en charge, se perd également à son tour, sans garantie qu’il sera retrouvé, ainsi, celui qui est à l’origine de la perte de son temps est en partie responsable de celui qu’il vient de faire perdre à celui qui s’est chargé de nous le restituer sans que l’on lui ait dévolu cette tâche que même Sisyphe aurait refusé préférant pousser sans fin son rocher en haut de sa montagne et dont il savait qu’il perdait son temps pour l’éternité, car l’heureux découvreur à la recherche du temps perdu en a lui-même perdu une partie du sien à nous restituer le nôtre et se met ainsi en défaut par rapport à celui qui s’offrait à lui gracieusement sans aucune contrepartie.
La plus grande richesse se trouve ainsi dans le temps que l’on possède et non dans le nombre de biens, des relations dont on s’entoure sinon des valeurs financières que l’on possède, car ces artéfacts ne permettent ni d’accumuler une étendue plus grande que la temporalité qui nous est destiné à l’instant même de notre conception, ni même d’avoir sur lui une action autre que destructrice. Ainsi, la vie d’un ascète ou d’un gougnafier de l’existence sera régulée par l’inextensibilité du temps créé par le genre humain afin de se donner le privilège d’une survie constituée d’une temporalité qu’il sera toujours incapable d’appréhender, car le prolongement même d’une vie humaine quelle que soit sa forme n’est que provisoire et ne vaut que pour les impétrants qui implorent qu’on leur permette une prolongation qui n’aura que pour but de regretter le temps qu’ils auront perdu en vaines querelles, en dissipation de celui qu’ils possédaient, en actes manqués et en paroles qu’ils auront retenu et qui se seront envolées dans le néant des regrets et des remords.
C’est ainsi, que de nouveau, je rappelle de nouveau ce texte qui devrait accompagner toute existence humaine nouvelle dès le berceau, et jusqu’au crépuscule du dernier soir.
Les belles choses de la vie…
Parce qu’il est toujours temps de dire les belles choses de la vie, parce qu’il n’est jamais trop tard pour laisser partir les regrets afin qu’à jamais, ils s’éloignent et parce que si les paroles s’envolent, il ne faut jamais les retenir non plus afin qu’elles puissent atteindre la personne qui saura les entendre où qu’elle se trouve tout comme les notes de piano qui résonnent encore et toujours quelque part même s’il n’est plus personne pour les entendre aujourd’hui mais peut-être demain et s’il est des instants de ta vie qui n’égalent la grâce de tous les matins du monde l’espace d’un fugace instant propre à celui d’un déjeuner de soleil au bord du monde en compagnie d’une personne qui serait jolie à ton regard et à ton âme, souviens-toi que les belles choses de la vie sont toujours là, juste à côté de toi, accessible à chaque instant.
Ne te souviens pas des paroles que tu as oublié de prononcer, de tes actes manqués mais des mots que tu ne retiendras plus avant qu’il ne soit trop tard parce que, ce que tu n’oses pas aujourd’hui, tu le regretteras demain et que s’il est agréable de se souvenir en relisant des lettres, le souvenir de la voix qui exprime un mot, un rire ne disparaît jamais complètement…
Lorsque tu seras dans le train, le métro, ailleurs, demain matin, demain soir ou n’importe où, essaie d’écouter ce morceau musical que tu aimes tant en prenant le temps d’observer l’univers qui t’entoure et souviens-toi…
Être à sa place quelque part dans l’univers…
C’est vivre tous les matins du monde lors d’un déjeuner de soleil en étant assis au bord du monde avec les jambes au-dessus d’un abysse insondable tout en contemplant l’éternité qui s’étire dans toutes les directions.
C’est se consumer dans une folie que l’on accepte et que l’on assume sans crainte des petits méchants de la quotidienneté, car le regard des autres existera toujours et le prendre en compte, c’est confier son bonheur à des inconnus.
C’est accepter sa nature intrinsèque pour n’être que soi sans vouloir ressembler aux autres qui veulent également ressembler aux autres dans une boucle sans fin au sein de laquelle chacun ne voit que l’arrière-train de son poursuivant.
C’est de n’attendre de l’autre qu’il soit juste lui, juste nature sans vouloir le convertir à ses valeurs, à son mode de vie en lui accordant la liberté d’être différent.
C’est être honnête intellectuellement en ne se fourvoyant pas dans une relation quelle qu’en soit la nature si elle est contraire à sa philosophie de vie.
C’est de ne pas se comporter comme un pharisien ou un petit méchant de la quotidienneté.
C’est compliqué tous les jours et parfois plus que d’autres, mais il est des belles choses de la vie qui sont toujours présentes au quotidien…
La liste complète des définitions se trouve quelque part… Dans toutes les directions…
S’il est des mots que je te souhaite de ne jamais retenir, des paroles que tu ne devrais jamais omettre de prononcer envers une personne que tu estimes, que tu aimes, que tu admires, ce sont les belles choses de la vie.
Qu’importe que la personne à laquelle tu adresses une attention sincère en paroles ne l’entend pas, ne l’écoute pas, la refuse, la moque, la minimise, s’en méfie. Ta seule responsabilité, ton seul devoir envers cette personne est d’être honnête et sincère lorsque tu prononceras ces mots.
Que de temps ai-je moi-même laissé s’échapper en secondes, en minutes en heures et bien davantage… Que de temps j’ai perdu volontairement en me fourvoyant dans des situations absconses, en de vaines querelles, en vanité de jeunesse et que depuis bon nombre d’année, je m’éloigne davantage du genre humain en raison qu’il est, par nature, un petit méchant de la quotidienneté et qu’il m’insupporte dans son ignorance dans laquelle il aime à nager lorsqu’il se regroupe autour d’activités qui consistent à se cultiver avec l’avis des autres et la vie des autres à défaut d’imaginer et de vivre la sienne tout en accordant à intellect qu’une place de choix dans le seul caniveau.
À lire ces quelques bribes de ma psyché, il sera raisonnable pour nombre d’individus d’imaginer que j’ai passé un temps considérable à le perdre en scriptant un message qui sera considéré comme impropre en ce qu’il est destiné à un genre humain qui est mon contemporain et qu’il sera refusé, moqué, sinon me vaudra mille récriminations et condamnations morales. A cela, je répondrai que nul n’avait l’obligation morale ou intellectuelle de le parcourir en intégralité et qu’il en va maintenant de la responsabilité personnelle de chacun de le considérer comme un texte qui est un égarement intellectuellement moral faisant reposer sur mes épaules une perte de temps à tout lecteur qui s’est retrouvé à le parcourir en totalité alors que de multiples tâches l’accablent probablement quotidiennement et qui sont à n’en pas douter d’une écrasante impériosité, tout comme mon opiniâtreté personnelle se porte sur la philosophie sauvage en ce que le conformisme de la réflexion intellectuelle est une cage sans barreaux dont il est impossible de se libérer.
En raison que le temps, maintenant, se rappelle à moi, j’apporte une clôture à ce très court message avec un aphorisme que j’affectionne tout particulièrement et que j’ai sélectionné avec soin dans mon memento mori.
Une valeur morale universelle n’est que propagandiste tant la morale est universellement liée à la puissance qui décrète la valeur de sa propre valeur morale.
Complément indispensable à cette lettre dominicale
J’ai parcouru cette semaine seulement 221 pages de mon ouvrage et disons-le honnêtement, c’est minable et d’une indignité dont j’accepte de me recouvrir en vertu de mon admiration pour l’auteur dont je parcours chaque ligne avec délice. De ces multiples lettres que je scripte depuis plus d’une année, il en est d’innombrables qui me sont inspirées par mes lectures, par des auteurs et les idées qu’ils développent et en cette soirée du 17 octobre, alors que je pratiquais la librocubilaristie et que je terminais un passage, l’idée me vint qu’il était temps de remettre un ouvrage sur le métier. Une lettre dominicale que je considère, à ce jour, comme la meilleure et dont Heidegger et Nietzsche en sont les inspirateurs. Cette lettre est datée du 05 janvier 2025. T’en souviens-tu ?
Il s’agissait d’un abordage timide de l’utopie et alors que depuis quelques semaines, des vagues de réflexions sur ce sujet viennent de nouveau s’abattre au-devant de mes pensées quotidiennes pour me rappeler que cet abordage doit être de nouveau entrepris avec plus de conviction, voilà que Stefan Zweig vient de me donner un coup de coude pour me rappeler que je suis en train de procrastiner et que je perds du temps que je viendrai plus tard à regretter mortellement si je le laisse ainsi s’échapper encore en un flux continu. Si la Chronodiafygie est propre au genre humain, elle n’est pas pour autant inéluctable et il appartient à chacun de l’interrompre quand bien même l’issue mortelle de notre vie ne laisse aucun doute. L’ouvrage de Stefan Zweig « Le Monde d’hier », demain sera le mien et alors, je veux me souvenir dans mon monde d’hier que je me suis harassé à reprendre une lettre du passé et à lui apporter une continuité, à rappeler ainsi, qu’une utopie ne disparaît pas en raison qu’une lettre sur laquelle elle est défendue est terminée. J’ai évidemment d’autres sujets littéraires épistolaires en préparation que je dois traiter dans ces lettres dominicales, mais dont je vais devoir les retarder quelque peu en raison qu’il est des impériosités qui ne peuvent souffrir d’un retard qui, déjà, s’avère considérable.
Post-scriptum,
En ce complément, je répare une omission d’avoir plus tôt envisager l’hypothèse qu’une perte de temps pouvait également être occasionné par un tiers et de sa responsabilité morale en un dédommagement que je serais fondé à exiger par une cession d’une partie du sien à mon profit et dont je pourrais naturellement souhaiter qu’il soit au moins de valeur égale en quantité et en qualité, sinon meilleure ou en quantité supérieure en guise des frais occasionnés par la réclamation de mon droit légitime au temps initialement perdu et dont aucun ne le remplacera identiquement de manière conforme et absolue.
Que de retard toujours, que de temps perdu encore, que d’éternité inextinguiblement finissante et pourtant sans fin causée par l’humaine soif de réflexion dépassant le temps de l’action à la recherche d’un temps ancien, d’un jadis, d’un autrefois, du temps perdu, d’un gain de temps par l’argent en raison que le temps, c’est de l’argent alors que le silence est d’or et rarement privilégié pour l’enrichissement personnel tant sa matérialité est intellectuelle et considéré de valeur moindre en raison d’une invisibilité de cette même richesse qui, toujours, prévaut chez les intellos, les empêcheurs de tourner en rond et quelques fendus du bocal dont je me revendique en opposition aux épicuriens bas du front et bas de plafond qui ne connaissent de ce philosophe qu’une unique déformation de sa pensée en imaginant l’épicurisme comme une manière de vivre débridée et composée de tous les plaisirs imaginables assouvis sans vergogne et sans retenue.
Eternité
En 1970, les soviétiques ont entamé un forage de près de 12 262 mètres de profondeur après avoir reçu des tuyaux qui leur indiquaient que tout le temps perdu se trouvait à un endroit précis.
Comme on s’en doute forcément, ils se sont servis de ces tuyaux et ne l’ont finalement jamais trouvé car plutôt que de les suivre, ils les ont utilisés en totalité pour ce forage sans être dans la certitude d’être au bon endroit à moins que ces foutus tuyaux n’étaient finalement que des piètres tubes de métaux et non des indices pertinents.
En 2023, les Chinois ont fait de même et ils ont vécu la même mésaventure.
Résultat : du temps perdu qui est venu s’accumuler là où il s’en trouve déjà une quantité tellement importante que c’est finalement peut-être ce que l’on nomme l’éternité.
Nouvelle lettre de ma tante Jeanne
07 octobre 1974
Les raisons d’une éternité qui ne prendra jamais fin
Cher Nicolas, Cher Neveu,
Sans doute auras-tu remarqué que lorsque nous passons du temps ensemble, je te recommande régulièrement de n’être jamais dans l’hésitation qui ne produit que du temps perdu et pas davantage pour les décisions les plus futiles pourtant sans conséquences immédiates dans ton quotidien d’enfant afin, dans la mesure du possible, de veiller à ne pas rallonger inutilement l’éternité en raison qu’ils en aient toujours pour s’en charger à ta place.
De cette lettre que je t’écris en cette journée d’été, assise sur un banc dans le square où tu aimes tant jouer, je vais t’en dévoiler l’unique raison pour laquelle toute hésitation a pour finalité une conséquence unique se répercutant sur l’ensemble de l’humanité.
Si tu es en cet instant précis dans quelques hésitations avant de poursuivre ta lecture, ce n’est pas bon signe, car les répercussions se font déjà ressentir quelque part. Également si tu décides que, ne comprenant déjà que peu à ce que je suis en train de t’écrire, tu feras, par simplicité intellectuelle, un saut jusqu’en bas de cette lettre pour en écourter ta lecture. Ainsi, Cher Nicolas, prends le temps de lire chaque mot et use de tout le temps dont tu as besoin pour te les approprier, mais n’attends pas de moi que je fasse preuve, comme à l’accoutumée, d’une simplicité phraséologique en raison de ton jeune âge en raison qu’il n’est justement pas question d’attendre quoi que ce soit et en ce que l’attente n’apporte jamais rien de concret et en ce qu’elle est naturellement opposée au mouvement, à l’action, à la décision, que l’éternité en est le produit et qu’il peut s’avérer particulièrement mortel lorsqu’il est privilégié en préférence à son opposé.
L’attente est une décision et donc par nature, un choix, une action et un mouvement, mais par nature opposée à elle-même et donc une absence de choix, d’action et de mouvement impliquant une décision contraire et donc une attente. Entre les deux, il serait naturel d’imaginer qu’elles s’annulent mutuellement et que si l’attente est une décision et en même temps ne l’est pas, les deux sont tout aussi valables lorsqu’il s’agit de savoir quoi faire.
C’est là que le bât blesse, car dans le premier cas, ne pas être dans le choix de l’action et du mouvement implique de décider de choisir l’action du mouvement immobile et implique de laisser se dérouler, tout autour de toi, les choix, les actions et les mouvements du reste de l’univers alors que dans le second cas, choisir d’être dans l’action du mouvement nécessite la décision de ne pas être dans l’attente de la décision à prendre, mais d’être immédiatement dans le choix, l’action et le mouvement.
Savais-tu qu’en 1970, les soviétiques ont d’ailleurs entamé un forage de près de 12 262 mètres de profondeur après avoir reçu des tuyaux qui leur indiquaient que tout le temps perdu par l’humanité se trouvait à un endroit précis ? Cet endroit se situe quelque part en Union Soviétique et chacun ne pouvait que leur souhaiter d’avoir su exactement où ils se trouvaient, bien qu’il semblerait que le résultat n’ait pas été à la hauteur de de leur attente.
Comme on s’en doute forcément, ils se sont servis de ces tuyaux et ne l’ont finalement jamais trouvé car plutôt que de les suivre, ils les ont utilisés en totalité pour ce forage sans être dans la certitude d’être au bon endroit à moins que ces foutus tuyaux n’étaient finalement que des piètres tubes de métal et non des indices pertinents.
Vois-tu mon enfant, comme le fait d’être dans l’attente peut conduire à une profonde déception. Dans leur cas, elle fut vraiment très profonde et en partant du bas du forage, cette attente est d’une hauteur vertigineuse au point que je te laisse imaginer le temps nécessaire pour la parcourir en totalité afin de remonter à la surface.
Ce qu’il te faut retenir de cette lettre, Cher Neveu, c’est que toute attente conduit irrémédiablement à s’enfoncer dans un choix, une action et un mouvement qui a pour conséquence, un allongement de l’éternité en ce qu’elle est elle-même la conséquence de l’attente et de ce qui a conduit à la choisir par une action d’une absence de mouvement.
Ainsi, pour le reste de ta vie, n’hésite pas, jamais et lorsque tu seras en face d’une personne qui sera dans l’attente du choix, de l’action et du mouvement qu’il convient d’attendre en observant l’éternité qui se trouve précisément là où elle ne s’attendra pas à ce qu’elle se trouve exactement là où elle patiente, parce qu’elle ne saura pas quel est ce moment qu’il convient d’attendre alors qu’il est toujours d’une urgente nécessité d’être dans le choix de l’action et du mouvement afin de ne pas allonger inutilement l’éternité qui est déjà bien longue et dont chacun à ou va, au moins une fois dans sa vie, contribuer à la rallonger et qui n’a pour conséquence que ce qu’elle ne prendra jamais fin.
Ta tante qui t’aime et qui t’embrasse.
En 2023, les Chinois ont fait de même et ont vécu la même mésaventure.
Résultat : du temps perdu qui est venu s’accumuler là où il s’en trouve déjà une quantité tellement importante que c’est finalement peut-être ce que l’on nomme l’éternité.
Mais cela ma tante ne l’a jamais su en ce qu’elle venait de décéder quelques mois plus tôt.
Une lettre ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.
Le Monde d’hier
Stefan ZWEIG
Édition Le livre de poche
Achevé d’imprimer en juillet 2014 en Espagne par BLACK PRINT CPI IBERICA, S.L.
Page 221
Durant les longs jours, les longues nuits du voyage, que la radio à l’époque ne remplissait pas encore de son bavardage, j’en appris davantage sur les forces et les tensions qui ébranlent notre monde par la fréquentation de cette autre espèce d’hommes que par la lecture de cent livres. Quand change la distance qui nous séparent de notre patrie, notre jauge intérieure change aussi. Après mon retour, je commençais à considérer comme insignifiantes bien des choses qui m’avaient occupé plus qu’il ne convenait, et je ne tins plus notre vielle Europe pour l’ase éternel de notre univers.
Une lettre ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.
Un style scriptural n’est jamais que le reflet d’un intellect.



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