Dimanche 07 septembre 2025
Il était prévu dans la lettre précédente que cette missive relève le défi d’établir un bilan de l’année écoulée depuis la première page jusqu’au 31 août 2025. Comme je le prévoyais, mes heures de sommeil et lecture en ont été quelque peu affectés bien que cette courte analyse de l’année écoulée et de ses nombreuses missives n’ait pas pour finalité de dresser un constat afin de choisir un nouveau cap pour mon navire sur l’océan de la vie, car je suis naturellement doté d’un sens de l’inorientation et je finirai quand-même toujours par me perdre cérébralement ailleurs ou quelque part.
Ai-je relu l’intégralité des dizaines de lettres précédentes avec une attention similaire à celle que je m’applique lorsque je lis les livres de ma petite bibliothèque ?
Non… et je ne me suis même pas non plus contenté de survoler les pages en ce que j’en suis l’auteur pour chacune d’entre elles et donc avec la capacité de me souvenir du filigrane contenu individuellement en elles. L’idée originelle était d’écrire à une inconnue, pour, au plus tôt, nous créer des souvenirs communs afin que, dès le premier jour de notre rencontre, nous puissions avoir des souvenirs précédant ce premier jour et ces premières heures.
Des premiers mots, à l’idée de te faire parvenir une lettre par semaine, il s’est déroulé quelques jours. Il convenait de trouver un rythme régulier et soutenable sur le long terme. Le dimanche étant traditionnellement un jour de repos intégral, l’évidence s’est imposée d’elle-même et de ces lettres que je scriptais le jour même, j’en suis rapidement venu à m’y prendre de plus en plus tôt pour les commencer chaque début de semaine. Non qu’elles devinssent plus longues ou plus complexes, mais il ne s’est jamais agi d’écrire pour écrire. Seulement te transmettre un message d’importance, idéalement à toi, uniquement… J’ai toujours essayé d’être au plus près de mon intrinsèque nature, d’être au plus juste de l’expression, de ma pensée, de mes souhaits. J’ai parfois digressé, je me suis sans doute également écarté du chemin en prenant des détours, mais un voyage autoroutier en ligne droite ce n’est pas un voyage, c’est seulement le trajet le plus court vers la fin de sa vie.
38 Dominical Days, ce fut le temps nécessaire avant que ces missives ne parcourent 1000 kilomètres en traversant plusieurs pays pour se retrouver en pays slave. C’était au cours du mois de mai et c’est précisément le jeudi 08 mai 2025 que j’en ai été informé. J’étais dans le train en direction de Lyon pour une mission bénévole et depuis quelques jours, mon stock d’enveloppes coquelicots s’était épuisé.
Depuis ce jour du mois de mai, se sont écoulées plusieurs semaines, mon existence s’est déployée selon mes souhaits, des étapes ont été franchies, des obstacles surmontés et il en reste encore tant à venir, mais ce n’est pas le futur qui doit prédominer pour ce dominical Day, car ce dernier est déjà prévu et rien de ce que je pourrais entreprendre ne pourra le modifier.
Les lettres numériques auraient pu s’interrompre provisoirement, sinon définitivement, mais il ne devait pas en être ainsi et ce n’était ni prévu, ni souhaitable.
Les enveloppes coquelicots, n’ont jamais repris le cours de leur dissémination, même après que mon stock fut reconstitué. Ce n’était ni prévu, ni souhaitable, mais il en est ainsi et je me dois de réparer cet impair en raison qu’elles sont également conçues pour susciter des vocations auprès d’inconnus qui pourraient se saisir de cette idée pour s’en aller en quête d’une vie différente, d’une Minerve ou d’un Mercure afin que cette initiative ne s’éteigne pas trop rapidement. Je suis donc en devoir de remettre l’impression en mouvement et de reprendre la dissémination dès que possible.
Une utopie ne possède que l’importance qu’on lui accorde et si cette interruption devait se poursuivre, elle finirait par se briser.
Ai-je entre ce jour du mois d’août 2024 et celui du mois de mai, lever le voile sur l’intégralité de ma nature ?
Probablement pas, car une vie, aussi longue soit-elle ne suffirait pas, mais je veux croire que j’ai veillé à éclairer la plus grande partie de mon monde et si celui-ci recèle toujours des zones d’ombres, c’est le principe même de la vie que de posséder des écoinçons, des espaces contraints non définis par l’évolution naturelle, mais par la nécessité de s’adapter à un environnement.
Durant ces semaines d’écriture, il s’est toujours trouvé des rêves, des espoirs, des critiques, des incompréhensions, des constats, des questions et des réponses, de la simplicité et autant de complexité stylistique, de l’autisme et de la misanthropie, ainsi que ce que chacun a pu déceler et interpréter. La plus grande difficulté d’écriture s’est trouvée dans les lettres qui devaient tracer une direction en arrivant à un croisement et lorsqu’un choix ne peut être ni mauvais, ni positif, il devient une évidence et c’est donc ainsi que j’ai parcouru cette route sinueuse sur l’océan de la vie tout en m’appuyant sur mes observations et l’analyse de mon environnement immédiat et de l’actualité du moment. Tout n’étant, par nature que pure subjectivité, j’ai probablement toujours eu raison autant que j’ai eu tort parfois et inversement toujours eu tort et parfois raison bien que je ne puisse être certain que ce que j’affirme en raison que la subjectivité est multipliée par le nombre d’individus et par un facteur « X » de probabilités que chacun puisse raisonner de multiples façons en n’importe quel instant.
L’intégralité du genre humain a tout à la fois raison et tort en chacun instant sur tout ce qu’il pense et exprime, rendant la subjectivité reine, tout en maintenant l’objectivité sur le trône de l’action afin de parvenir à une cohérence minimale pour s’accorder sur un modèle de vie en commun.
Chacune des lettres n’était ainsi que le reflet de ma pensée, un instantané Polaroid devenant toujours plus vieillot pour les nouvelles générations qui se succèdent en permanence tout comme mes antiquités qui ont colonisé mon appartement et qui à leur création était actuelle et moderne. Concernant le devenir de ces lettres numériques, elles ne sont pas destinées à disparaître avant que moi-même ne fassent de même par l’imprévisibilité de la vie ou avant le dernier jour de celle-ci et pour celles qui auront été disséminées dans des enveloppes coquelicots, leur état ne dépendra toujours que ce que chacun en aura décidé.Parce que je ne peux, ni maintenant ni plus tard, résumer chacune de ces lettres dominicales, il m’apparait plus juste de les lister par le titre étant lui-même un résumé lapidaire de leur contenu.
L’insoutenable légèreté des lettres
Une seconde un peu plus tard
Première fois, premier essai, maladroitement
Les p’tits riens et les pas-grand-chose
Redécouverte du Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône
Melancholia : la quête de l’art, des souvenirs et d’une présence attendue
L’homme idéal, la femme idéale & Little Boy
Préparer son départ : réflexions sur l’organisation de la fin de vie
Lettre d’amour à une inconnue qui ne l’est que maintenant, qu’aujourd’hui et jamais plus ne le sera au premier regard.
Écho musical pour une lettre à Minerve
Amour de l’art, antiquité, histoire, historialité
Acquisition artistique et patrimoine
Les choses de la vie & les belles choses de la vie
Disséminer des lettres à Lyon : une quête littéraire
La quête d’une Minerve dans un monde apocalyptique
L’énigme de Minerve et de l’Intelligence Artificielle
L’incarnation de Minerve
Les enveloppes rouges
Les 100 premières enveloppes rouges
Premier rendez-vous, l’importance du monde
Utopie scriptologique
Art et intellectualisme
Dernier dimanche de cette année calendaire de l’ère chrétienne
Utopie en mouvement : antinomie, quête, réalisation, échec et dépassement
Hasard convenu ou chronique d’une rencontre annoncée
Sur les traces de pas d’Anonymous
Réponse anticipatrice amphigourique
L’odyssée épistolaire d’un dandy littéraire
Dernières phalanges du savoir et philosophie du chaos : de la lucidité à l’inévitable
Minerve & les enveloppes rouge coquelicot
Un train, une lettre, un livre, un destin
Scripturalisation et dissémination : un rituel épistolaire clandestin
L’existence en hors-scène : fragments d’un esprit dissident
À l’est d’Eden ou à l’ouest de quelque part
À l’ouest de quelque part ou au sud de la raison
Au sud de la raison ou au nord de la folie
Une phrase pour résumer la complexité de la pensée autistique
Les enfants sauvages
Le commencement
Des enfants sauvages et des livres
Librocubicularistie, tsundokuïsme, art & Minerve
Quand le vent porte un regard
Ty jsi můj domov
Une folle boussole
La chrysalide & le butterfly chaos
L’araignée du destin, l’autiste et le papillon
La confiture de framboise, la boite en carton et peut-être…
Grain de sable autistique
La vraie connaissance, c’est le linceul de Pénélope.
Élégie de la déresponsabilisation adulescente au XXIe siècle
La vie est une farce au théâtre de la comédie humaine
L’objectivation subjective de l’impermanente vérité de la réalité
La quadrature de l’évolution cognitive du genre humain
La France est le plus beau pays du monde
De la rafle du Vél’ d’Hiv’ à la reconnaissance de l’État de Palestine
Un an plus tard
La classe politique française aux petits pieds et aux bras ballants
La faim du mois, la fin du monde et la guerre civile au pays de France
La réflexivité du retour à soi
De nombreux sujets dont quelques-uns se sont étirés sur quelques semaines, mais avec le souhait de ne pas être dans un artifice qui me ferait paraitre tel que je ne suis pas et d’autres qui aurait gagné à être plus courtaud. Certaines lettres ont une touche particulière et résonnent en moi de manière tout aussi particulière en ce qu’elles touchent à des sujets d’une importance fondamentale, qu’elles comportent un battement de cœur, la vie elle-même et quelques-unes en particulier dans les dernières dont je me désole, non de les avoir scripturalisées, mais parce qu’elles sont le reflet d’une France, d’un pays qui se meurt lentement et inexorablement vers un effondrement explosif. Ces lettres touchant au pays de France sont les dernières systoles avant la diastole définitive, mais qu’importe après tout. Qu’est-ce qu’une vie, un pays, un empire si ce n’est un battement de cœur à l’échelle d’une planète ? Depuis l’aube de l’humanité, il est des drames et des déchirements individuels et collectifs et nous-même dans notre vie quotidienne ne portons pas le souvenir de ce qui s’est déroulé au cours des siècles précédents sur d’autres continents, dans des contrées lointaines, au sein de tribus primitives ou d’empires annihilés. Pour paraphraser les Amerloques : show must go on !
Serais-je tenté par un nouveau bilan au terme du mois d’août 2026 afin de jeter un regard en arrière sur ces lettres ? Wait and see…
C’est tellement loin dans le temps que c’est une étape abstraite qui signifie trop peu, mais dans l’absolu, ce peut être une idée tentante que de laisser passer l’anniversaire suivant comme si les prochains n’avaient plus la même importance que le premier en reportant davantage mon attention sur des évènements qui auront un réel impact comme celui du jeudi 08 mai 2025 ou un autre à venir d’ici la fin de cette année 2025. Par exemple : un long dimanche de fiançailles… et idéalement, le 08 mai 2026 serait un anniversaire particulier qui se concrétiserait par une union officielle.
Cette année composée de légèreté de lettres s’est révélée riche en introspection, en découvertes, en lecture et questionnement divers, mais je n’ai que peu appris sur moi-même en raison que je me connais déjà très bien même si je vis sans certitudes absolues tant la vie est semblable à une partie de jeu de GO : trop complexe pour être appréhendée avec aisance et imprévisible par nature. Ces lettres seront toujours tout autant destinées à la lecture éphémère, qu’à l’étude, l’introspection et à l’intimité similaire à un journal personnel.
Parfois, ce fut beau et léger qu’on aurait dit du Sempé et parfois, plus incisif comme un couteau Japonais ou tranchant comme une guillotine de la Révolution Française…
Une lettre ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.
Vivre de mes rêves
Lettres d’une vie
Anton TCHEKHOV
Édition Robert LAFFONT
Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en septembre 2016
Page 996
Mon appareil digestif est manifestement endommagé de façon irrémédiable. Il est peu probable que quoi que ce soit réussisse à le guérir, hormis le jeûne, c’est à dire ne rien manger – et basta. Quant au seul remède contre l’essoufflement – c’est ne pas bouger.
Pas une seule Allemande convenablement habillée. Un mauvais goût qui vous plonge dans la consternation.
Eh bien, porte-toi bien et sois gaie, respectueuses salutations à mamacha, Vania, Georges, grand-mère et tout le monde. Écris. Je t’embrasse, te serre la main.
Ton A.
Note de bas de page : Anton Pavlovitch Tchekhov allait rendre son dernier soupir trois jours plus tard.
Lu et déposé dans un wagon de train le 02 septembre 2025
Cher Moi
Peter USTINOV
Édition Stock
Dépôt légal : 3e trimestre 1978
Page 288
Assez curieusement, on s’aperçoit de ce qui ne va pas dans sa vie beaucoup plus quand tout marche bien que quand l’adversité frappe. On regarde autour de soi l’édifice de sa vie qui grandit, et on se dit que c’est beau, mais beau pour quoi faire ? Pour quoi et pour qui tout cela ? on a besoin d’être seul pour créer, mais se sentir seul, non pas se sentir seul quand on est seul, mais se sentir seul dans un lieu public, au milieu de l’allégresse et du bonheur, c’est autre chose.
Une lettre ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.
Les masses populaires cherchent avant tout l’amusement et la platitude en lieu et place du savoir et de la connaissance (panem et circenses).



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